Cette conversation téléphonique ne s’éternisa pas sachant que Cassian voulut y couper court pour deux raisons. la première restait la même qu’au départ : La honte de se retrouver dans une telle situation et l’expliquer à un inconnu. La seconde y était liée puisqu’il avait bien senti la pointe de rire dans le ton de son correspondant, retenant probablement son toussotement hilare par une main sur sa bouche.
Le garçon, par politesse, continua la conversation avec un rire jaune mais tentait de la raccourcir. Les détails donnés, il s’empressa de raccrocher et soupirer au téléphone.
Les moqueries s’étaient stoppées. Tout était calme. La jeune femme ne semblait et ne voulait probablement pas briser le silence dans cette étroitesse à laquelle ils s’étaient retrouvés réduits. Elle ne voulait probablement pas fracasser la seule trace de politesse dont le zombie avait fait preuve jusque là pour l’immortaliser sur leur temps peu compté.
Temps et espace s’étaient arrêtés dans cette aire étriquée qu’on en perdait le souffle et le moyen de penser, comme un humain pense. Après tout, ils n’étaient plus humains et leur relation semblait aussi complexe que simple.
Il ne la connaissait pas mais elle en devint le seul tuteur sur lequel une plante à peine grandissante pouvait s’appuyer. Il reconnaissait que le terme « ami » était probablement fort pour une rencontre de ce type mais dans tant de noirceur invisible, les liens et termes pour les définir étaient aussi pipés que les apparences.
Il se devait d’être garant d’elle pour pouvoir survivre et y attraper une chance. En soi, il savait que l’humanité nécessitait toujours de son prochain et ne pouvait se résoudre à faire tout de manière solitaire. Il l’était peut-être mais pas par volonté.
Il était juste solitaire car sa nature lui imposait alors que sa disposition cherchait plus l’accueil que l’hostilité.
Hélas, comment faire quand il ne parvenait à aimer par un coeur trop plat qui rend chaque goût dans lequel on croque insipide ? Comme il ne la voyait pas, il n’y trouvait rien. La magie n’opérait pas tant qu’il ne voulait pas faire d’efforts ; soit l’effort de se reposer.
C’était bien beau de se plaindre qu’on était condamné mais le charme ne se brise et ne se refait pas par magie, comme on pourrait le prétendre. Les malédictions de la mort, au contraire des tragédies grecques, ne se retrouvent pas être fatales comme pouvaient l’être Cassian.
Habituellement, il choisissait de jeter les dés brutalement ; désordre puis calme ; sans penser à doucement les caresser pour les apprivoiser. Il se résolvait à agir tête baissée et si ça ne marchait, à choisir le destin faire pour lui. Toulouze lui prouvait bien que ce n’était pas forcément la meilleure des solutions alors ce fut sur cette pensée de son nouveau patron qu’il chercha à se familiariser à un contact avec elle.
— Et sinon euh… En attendant…Il hésita. Après tout, c’était difficile de se jeter aveuglément dans un terrain encore plus obscur que le autres. Apprendre à connaître quelqu’un par lui plutôt qu’apprendre à le connaître par hypothèse était assez cocasse pour le jeune homme. Voilà pourquoi, par gêne de mal faire, il massa sa nuque, le coude replié vers l’arrière pour lui permettre d’effectuer cette flexion.
— Tu t’appelles comment ? chuchota-t-il dans la plénitude du lieu.
“Your body is poetry”
Aussitôt la curiosité piquait qu’il pourrait la découvrir et explorer les facettes d’une réelle relation, plutôt que ces multiples faux strass qu’il décorait et collait sur ses joues pour paraître brillant aux yeux de tous.
Chacun était une étoile, même lui, brillant dans la nuit commune. Chacune formait une constellation avec d’autres pour mieux scintiller, pour créer de nouvelles formes.
Un firmament spectateur piquait la jeune femme de ses yeux désormais auditifs. Il ne pouvait la voir mais était à l’écoute de la simple réponse qu’elle donnerait et il enchaînerait par une autre question.
Elle n’était pas intéressante parce qu’il ne la connaissait pas, en fin de compte.
Mais à mesure que les questions seraient posées, une réponse probablement en
Elle paraîtrait moins invisible si bien que chaque parcelle de sa peau qui réapparaissait et gagnait un nouvel éclat.
À la révélation de son nom, un bout de la, pour l’instant encore, inconnue serait révélée ; des lettres pour définir ce que serait son index.
Malédiction devenant enchantement.